Les cépages résistants, une innovation marquante dans le monde viticole. Issus de programmes de recherche avancés, ces variétés de vignes sont spécifiquement développées pour résister contre les maladies cryptogamiques de la vigne comme le mildiou et l’oïdium. Cette résistance est d’autant plus cruciale dans le contexte actuel de changement climatique, où les conditions météorologiques extrêmes peuvent favoriser la prolifération de ces maladies.
Le premier avantage de ces cépages c’est bien sûr leur capacité à réduire considérablement l’usage de traitements et donc de produits phytosanitaires. La viticulture conventionnelle nécessite l’emploi fréquent de produits chimiques pour lutter contre les maladies fongiques, avec des implications environnementales et sanitaires non négligeables. Les cépages résistants vont alors minimiser cette dépendance aux traitements chimiques, offrant une alternative durable dans la conduite du vignoble.
Où est quand les cépages résistants sont apparus ?
L’histoire des cépages résistants débute dans les années 1950, marquant une période clé dans l’évolution de l’hybridation des cépages. À cette époque, la France, ainsi que d’autres pays européens comme l’Allemagne, la Suisse, la Hongrie, et la République Tchèque, se sont engagés dans un effort concerté pour développer des variétés de vignes plus résistantes aux maladies. Ce mouvement a été motivé par la nécessité de surmonter les défis posés par les maladies fongiques et les changements climatiques.
Dans le cadre de ces efforts, la France a été un acteur majeur, notamment à travers les programmes de recherche conduits par des institutions telles que l’INRAE. Le programme ResDur de l’INRAE, par exemple, représente une initiative significative dans ce domaine. Lancé pour intégrer plusieurs gènes de résistance dans les cépages, ce programme a visé à développer des variétés capables de lutter contre des maladies telles que le mildiou et l’oïdium. L’approche adoptée par ResDur et d’autres programmes similaires a été de créer des variétés polygéniques, capables de résister à plusieurs maladies ou stress environnementaux simultanément.
Ce processus d’hybridation et de sélection génétique n’est pas simple ni rapide. Il implique des années de recherche, d’expérimentation et de tests pour s’assurer que les nouvelles variétés conservent non seulement leur résistance aux maladies, mais aussi leurs qualités organoleptiques souhaitées. Ces efforts ont abouti à la création de plusieurs variétés de cépages résistants qui sont aujourd’hui utilisées dans les vignobles du monde entier.
Exemples de caractéristiques de cépages résistants aux maladies cryptogamiques
Il existe aujourd’hui de nombreux cépages résistants aux maladies cryptogamiques, parmi les variétés notables, citons Artaban, Vidoc, Floréal, et Voltis.
- Artaban: Ce cépage à raisin noir se caractérise par une haute résistance au mildiou et une résistance totale à l’oïdium. Il est reconnu pour sa productivité élevée et sa maturité de deuxième époque, une forte intensité colorante et une forte intensité aromatique.
- Vidoc: Aussi résistant au mildiou et à l’oïdium, ce cépage à raisin noir offre une productivité élevée et une maturité de deuxième époque tardive. Vidoc est idéal pour des vins corsés, caractérisés par une intensité colorante élevée et une forte teneur en tanins.
- Floréal: Ce cépage à raisin blanc est également résistant au mildiou et à l’oïdium. Il est connu pour sa productivité moyenne et sa maturité de deuxième époque. Les vins issus de Floréal sont expressifs et aromatiques, avec une dominante de notes de fruits exotiques et de buis.
- Voltis: Ce cépage à raisin blanc, résistant lui aussi au mildiou et à l’oïdium, a une productivité moyenne et une maturité de deuxième époque.
Au-delà de ces exemples, il existe une vingtaine d’autres variétés de ces nouveaux cépages résistants. Chacune de ces variétés offre des avantages dans la mesure où ils résistent aux maladies, mais ils ont également des avantages au niveau de la productivité, et des qualités organoleptiques.
Quels sont les impacts de l’adoption des cépages résistants ?
L’adoption de cépages résistants a un impact environnemental et sociétal profond. La raison principale et le premier argument est la réduction significative des traitements fongicides dans la viticulture. En limitant la dépendance aux fongicides, les cépages résistants aident à préserver la santé des écosystèmes et à réduire la contamination potentielle des sols et des eaux et avec cela un impact social lié à tout ce qui va découler d’une absence de traitement phytosanitaires. Selon l’INRAE, l’introduction de cépages résistants dans les vignobles représente également une étape vers la réduction de l’empreinte carbone de la viticulture. Moins de traitements signifie moins d’usage de machinerie et deressources, ce qui se traduit par une diminution des émissions de gaz à effet de serre associées à la production de vin.
Intégration des cépages résistants dans la viticulture Européenne
L’intégration des cépages résistants dans la viticulture s’effectue à travers plusieurs étapes clés, impliquant à la fois des processus de recherche et développement ainsi que des démarches réglementaires.
- Sélection et développement: La première étape consiste en la sélection et le développement du cépage résistant. Cela inclut la recherche génétique pour créer des variétés résistantes aux maladies et adaptées aux conditions climatiques spécifiques. Ces efforts demandent souvent plusieurs années de recherche et d’expérimentation.
- Tests et évaluations: Une fois développées, ces nouvelles variétés subissent des tests rigoureux pour évaluer leur performance agronomique, leur résistance aux maladies, et leurs qualités organoleptiques. Cela inclut des essais en champ pour tester leur adaptabilité dans différents environnements viticoles.
- Réglementations et autorisations: Les nouvelles variétés de cépages doivent recevoir des autorisations et s’aligner avec les réglementations en vigueur. Cela implique souvent un processus d’inscription officielle dans des catalogues nationaux et européens, qui valide leur usage dans la production de vin.
- Reconnaissance pour la production d’appellation: Les cépages résistants doivent également être reconnus officiellement pour être utilisés dans la production de vins d’appellation. Cette reconnaissance est cruciale pour assurer que les vins produits répondent aux normes qualitatives et aux spécifications des appellations d’origine. Selon l’INRAE, les variétés résistantes sont désormais éligibles à être intégrées dans les vignobles d’appellation, ouvrant la voie à leur utilisation plus large. Mais cela implique des réflexions institutionnelles à rallonge.
Plusieurs domaines viticoles à travers le monde ont commencé à adopter des cépages résistants. Par exemple, en France, des domaines comme le domaine de Revel dans le Tarn-et-Garonne ont intégré des variétés comme le Souvignier gris. Ces domaines servent de cas d’étude pour observer les avantages en termes de réduction des traitements phytosanitaires et d’amélioration de la résilience face aux maladies. L’utilisation des cépages résistants devrait s’accroître dans le contexte du changement climatique et des préoccupations environnementales croissantes. Avec l’évolution des conditions climatiques, la demande pour des variétés capables de résister à des températures extrêmes, à la sécheresse, et à des maladies nouvelles ou plus virulentes va probablement augmenter.